24 décembre 2008

1000 miliards d'euros

Pour être précis, 1013 milliards d'euros. C'est le montant de la dette de l'Etat à fin novembre, selon le bulletin mensuel publié récemment par l'Agence France Trésor. La barre symbolique des 1000 milliards est donc franchie, dans la discrétion. Et il ne s'agit que de la dette de l'Etat, qui ne tient pas compte des multiples satellites : CRDS, SFEF, RFF, RTE, etc ... En tenant compte des quelques milliards supplémentaires émis en décembre, l'Etat aura tout simplement augmenté son endettement d'environ 100 milliards sur la seule année 2008.

Il y a quelques semaines, à l'occasion de la réunion de Poznan sur les discussions relatives au paquet Climat - Energie, les organisations écologistes faisaient paraitre une publicité où, au moyen d'une photo représentant des cheminées d'usines crachant une épaisse fumée noire, notre Président était interpellé avec ce message : "M. Sarkozy, les promesses doivent-elles toujours partir en fumée ?"

Quelle plus belle promesse que celle de rembourser les emprunts émis ? Si nous appliquons à la dette de l'Etat le même raisonnement que celui utilisé par les réchauffistes, qui en continuant à l'identique les tendances passées, nous promettent une hausse des températures de 2° en 2020, savez-vous le résultat obtenu ?

9% de croissance annuelle de la dette jusqu'en 2020 nous donne le total de 2869 milliards. Avec un coût moyen de 5% (en étant optimiste), l'Etat paiera alors 143 milliards d'intérêts, à comparer à environ 48 milliards en 2009, ce qui représentera de l'ordre de 40% des recettes budgétaires. On peut continuer à faire comme si cela est possible, durable pour reprendre une expression à la mode, comme si les investisseurs continueront, comme c'est le cas actuellement, à s'arrracher les émissions publiques en faisant baisser le taux des OAT à 10 ans en-dessous de 3.50%. C'est avec le même raisonnement que les mêmes investisseurs se sont gavés de produits structurés notés AAA, donc aussi sûrs que nos emprunts d'Etat, mais qui rapportaient 200 pb de plus grâce aux crédits hypothécaires qui les constituaient.

Hélas, cela n'est pas possible, pas tenable, pas durable. Une croissance annuelle de 9% à long terme de l'endettement public est tout autant impossible qu'une croissance de 9% à long terme des prix de l'immobilier. Le jour où ce raisonnement sera dominant, le prix de l'OAT aura suivi le même parcours qu'un CDO de subprimes.

Historiquement, comme le rappelait dans sa récente publication mon ami Eric Michelet de la société de gestion de portefeuille GEFIP , les Etats ont disposé de trois moyens, d'ailleurs pas exclusifs les uns des autres, pour se sortir du piège de l'endettement : la banqueroute, l'hyperinflation et la guerre.

Faites votre choix !


11 décembre 2008

Crédit 0%

Cette semaine, le Trésor américain a émis 32 milliards de dollars de Bons du Trésor de maturité 4 semaines, avec un taux de rendement de ... 0% ! Et la demande des investisseurs s'est élevée à 128 milliards ! Pour citer une lettre financière que je reçois : investors had no insistance of a return on their money, satisfied for a return of their money.
Quel avantage à investir dans un instrument dont le rendement est nul, alors qu'on obtient le même résultat en laissant tranquillement l'argent sur un compte bancaire ? Le problème est que l'on n'est plus si tranquille avec un compte bancaire, fut-il ouvert chez Citibank, dont la publicité orne ce billet. Ou bien serait-ce la crainte de déflation, qui fait croire qu'un rendement de 0% procure encore un taux réel positif ? Le marché du crédit est bien malade, beaucoup plus en fait que le marché actions, qui s'est ajusté sur les anticipations de bénéfices.
Sans bien comprendre ce qui se passait, j'ai acheté récemment une obligation convertible remboursable le 1er janvier 2010, qui me procure 27% de rendement en un peu plus d'un an. L'entreprise n'a pas d'autres dettes, génère un cash-flow largement positif, et a bloqué à la banque le montant du remboursement de cette convertible. Est-ce le risque que la banque fasse défaut qui a donné cette rentabilité ? J'ai remarqué qu'un investisseur vendait ses titres par paquets de 500, en ordres cachés, visiblement de façon forcée. J'ai tourné le problème dans mon pauvre cerveau déboussolé, je n'ai pas trouvé d'autre explication à ce qui m'a paru être un cadeau, bien que je ne sois pas vraiment tranquille sur cette opération. Le titre a pourtant repris 12% depuis.
0% pour un Bon du Trésor, 27% pour une obligation privée sans grand risque de défaut : la rémunération du risque ne tourne décidément par rond sur la planète Finance.
Ami lecteur, je sollicite ton avis : peut-être as-tu d'autres idées pour expliquer cette situation ? Je suis curieux de les connaître.