18 octobre 2011

Le AAA : aucune importance !

Il y a un aspect absurde dans le raisonnement qui consiste d'une part à vilipender les agences de notation pour leurs notes qui n'auraient aucun sens, et d'autre part à sacraliser le AAA qu'elles nous décernent, comme s'il s'agissait de la preuve de la bonne gestion de nos finances publiques.
Ecoutons ce que nous disent les marchés aujourd'hui, alors que Moody's envisage éventuellement de placer notre note sous perspective négative, d'ici à quelques mois.
Les taux à 10 ans sont à 2.00% sur le Bund allemand, à 3.10% sur nos OAT françaises. Le spread de taux est donc maintenant à 110 points de base, niveau record. Il y a un an, ce spread était à 30 bp, et on l'a déjà vu négatif !
Si l'on regarde les prix des CDS, credit default swaps, sur la dette française, on flirte avec le niveau de 200, alors que l'Allemagne est à 92. Le prix du CDS sur la France est équivalent à celui des Philippines, lequel pays est noté BB ! Statistiquement, selon CMA, fournisseur de prix de CDS, un niveau de 200 équivaut à une probabilité de défaut d'environ 15% à 5 ans, et correspond plutôt à une notation A.
Les agences de notation ont 2 ou 3 ans de retard sur la réalité, pour ce qui concerne le risque souverain. Le AAA qu'elles nous décernent est une illusion, un vestige de notre gloire passée, et s'y accrocher est une fanfaronnade qui nous empêche de voir la réalité en face. La dynamique de notre dette publique est sur une trajectoire insoutenable.
Comment faire pour s'attaquer au problème, sachant qu'une forte diminution des dépenses publiques a un effet récessif marqué, qu'une augmentation des impôts, vu le niveau d'où l'on part, est tout aussi récessif, et qu'une augmentation de la dépense publique, dans un délire keynésien, est encore plus inimaginable, le tout dans un contexte de croissance durablement faible ? Bon courage au prochain Président ! En anglais, il y a l'expression : kick the can down the road. C'est ce que l'on a fait jusqu'à présent. Les marchés nous disent aujourd'hui que ce n'est plus possible.

26 septembre 2011

Un Etat sans monnaie

Ambiance hallucinante à l'Assemblée Générale de l'ONU ces derniers jours.
Les pays occidentaux sont au bord de la récession; toutes les entreprises abordent la rentrée le pied sur le frein; l'Amérique est ballotée entre un Président amateur de beaux discours, mais incapable de prendre des décisions claires et qui nous ferait regretter Jimmy Carter, et une FED réduite à arroser le pays de dollars comme si la croissance poussait telle l'herbe fraiche avec la rosée du matin; la cacophonie règne dans une Europe où plus personne ne tient la barre; la Grèce est virtuellement en faillite, mais aucun responsable ne veut le reconnaître et présenter un plan B; les papiers italiens, espagnols (français ?) brûlent les doigts des investisseurs, qui s'en débarrassent à grandes cargaisons auprès de la BCE, où les tensions et défections tournent au règlement de comptes.
Malgré cela, il semblerait que la seule décision qui permettrait de sauver le monde serait de répondre positivement aux caprices et chantages du quarteron de terroristes corrompus de Ramallah, dont le chef négationniste se fait ovationner à la tribune de l'ONU.
L'Europe réduit des trois-quarts l'aide alimentaire à ses miséreux, mais continue de transférer à carnet ouvert et sans aucun contrôle des centaines de millions à ces pseudo réfugiés professionnels et héréditaires; les soudanais meurent de faim par milliers tous les jours, mais il y aura toujours des fonds disponibles pour que les gazaouis puissent faire leurs emplettes sur leurs marchés qui croulent sous les gâteaux et autres douceurs.
Un Etat sans monnaie.
Ce soit-disant Etat,objet de l'attention permanente de tous les grands de ce monde, qui est parait-il tout prêt à naître, fonctionne en effet sans monnaie !
Ils veulent construire un Etat Judenrein, dans la plus pure lignée de l'Allemagne des années 30, ils haïssent les sionistes, adjectif dont ils ont fait l'injure suprême, mais les billets de banque qu'ils utilisent tous les jours pour acheter le lait de leurs enfants affichent l'effigie de Golda Meïr, de Menahem Begin et tous les bâtisseurs d'Israël !
Si vous voulez savoir ce que pensent les gens, point n'est besoin d'instituts de sondage ni d'études sociologiques sophistiquées. Regardez simplement comment ils votent avec leurs pieds et avec leur portefeuille.
Malgré toutes leurs rodomontades à New-York, s'il y a bien une chose qu'ils ne veulent surtout pas créer, c'est leur monnaie. En effet, reflet d'un régime autocratique totalement corrompu, elle perdrait sa valeur à grande vitesse, elle brûlerait les doigts de ceux qui la recevrait et n'aurait de cesse de s'en débarrasser : 50% de dévaluation et 50% d'inflation arriveraient très vite. Pour le coup, les habitants de cet Etat deviendraient vraiment pauvres ! Comme on les comprend de préférer une devise forte et stable, émise par la Banque Centrale d'un pays bien géré, en forte croissance (5%), sans chômage (5%) ni inflation, qui a fait baisser sa dette publique de l'équivalent de 6% du PNB ces quatre dernières années quand elle augmentait de de 20% en Europe.
L'Honneur, le Droit et la Justice, dont on se prévaut pour exiger son dû auprès des crédules, s'oublient instantanément quand s'ouvre le porte-monnaie.

12 septembre 2011

Laissez la Grèce faire défaut !

Laissez la Grèce faire défaut !
Jusqu'au va-t-on aller dans cet acharnement à "sauver" la Grèce ? Qui peut encore croire qu'il suffit d'une injection massive de liquidités pour tout remettre en ordre ? La Grèce est insolvable, les marchés le savent depuis longtemps, les dirigeants politiques font semblant de ne pas y croire, et font comme s'il ne s'agissait que d'un problème passager de liquidités.
Avec 160% de dette publique, un PIB qui régresse de 6 à 8%, des rentrées fiscales en chute libre du fait de la récession, un déficit public de 10% du PIB au moins, il conviendrait d'effacer 75% de la dette grecque actuelle pour, peut-être,  stabiliser la situation avec les liquidités européennes à taux d'intérêt réduit.. Le plan concocté il y a 6 semaines, et pas encore mis en place, prévoyait des échanges de titres impliquant une décote de 21% : complètement irréaliste.
Plus on tarde à affronter la réalité de face, plus les problèmes s'exacerbent. Nos belles banques, bourrées d'emprunts d'Etat, "sans risque", sur les injonctions du régulateur, ne valent même plus la moitié de leurs fonds propres. Si la BNP doit faire une augmentation de capital dans ces conditions, une décote de 40% implique un cours de 15 €; lever 15 milliards revient quasiment à doubler le capital ! Quelle dilution confiscatoire pour les actionnaires, alors que la banque peut faire 8 milliards de bénéfice, sans tenir compte des provisions sur les titres publics. Qui aura envie de souscrire ? L'Etat devra-t-il s'y coller ?
Et le problème est proche pour le Portugal. On comprend dans ces conditions que le CDS sur la France navigue maintenant vers 180, loin derrière la Chine, la Corée, la Thaïlande, l'Afrique du Sud, le Chili ou le Pérou !
Le dogme de la BCE, officiellement, est qu'un pays de la zone euro ne peut pas faire défaut. J'imagine que Jean-Claude TRICHET n'a pas envie de finir ses 8 années à la tête de l'institution sur un défaut grec. Les démissions allemandes nous montrent la violence des débats internes sur le sujet. La question est de savoir si, derrière le dogme officiel, la BCE a travaillé sur un plan B ? Mystère !
Pour ma part, je fais le pronostic que le défaut grec sera officialisé avant la fin de la semaine; et j'espère qu'il y aura un plan B pour éviter la débandade généralisée.

06 septembre 2011

Shorter les banques

Shorter les banques est à nouveau interdit, depuis le 11 août.
L'AMF a pris cette décision dans le but avoué de réduire la pression baissière sur les titres financiers : il n'est plus autorisé de prendre des positions vendeuses nettes sur les principales valeurs financières françaises, que l'investisseur soit résident ou non en France.
Pourtant, une importante littérature universitaire a démontré l'inanité de cette mesure, qui a plutôt comme conséquence d'accroître la volatilité des titres concernés, sans diminuer la pression baissière. Faire sortir de force des intervenants du marché a toutes les chances d'être néfaste.
L'EDHEC a en particulier publié en 2010 une étude sur l'impact de cette interdiction durant la crise de 2008-2009 : www.edhec-risk.com/edhec_publications/all_publications/RISKReview.2010-04-06.2427
La conclusion sans appel est la suivante : « Our empirical findings can be summarised as follows. The ban has had a considerable impact on the daily volatility of the indices. This impact is the symptom of an increase in the dispersion of investors’ beliefs about future prices. There is no evidence that this ban affected other features of the return distribution of the indices. In particular, if the markets were under downward pressure, the ban did not manage to ease it. »

L'AMF a même étendu l'interdiction à l'achat d'instruments de couverture, ayant pour effet de générer une position nette vendeuse sur les titres considérés. On se demande en pratique de quelle façon cela va pouvoir s'appliquer, et quelles sont les investigations que l'AMF va mener pour s'assurer du bon respect de la réglementation (voir ici : www.amf-france.org/documents/general/10110_1.pdf ).

Si l'on regarde l'évolution des cours entre le 11 août et le 6 septembre, on observe ceci, pour les principales valeurs financières et l'indice :
CAC40 : - 4%
AXA : - 7,8%
BNPP : -17%
CREDIT AGRICOLE : -12,8%
SOCIETE GENERALE : -17,7%

On peut faire mieux comme diminution de la pression vendeuse !
J'ai idée qu'avec des bilans remplis de titres publics au bord du défaut et mal provisionnés, des appels pressants à une recapitalisation (merci Christine !), sans compter la voracité de l'Etat taxateur, les banques n'ont pas de quoi attirer les investisseurs.