04 octobre 2006

AMARANTH


Je ne vais pas blogger sur la botanique, ou comparer les beautés respectives de la rose et de l'amaranthe.
AMARANTH se réfère ici au hedge fund américain qui vient de perdre 6 milliards de $ sur le marché du gaz naturel.
Une précision tout d'abord. D'après ce que j'ai lu, le hedge fund n'était pas exposé en directionnel au cours du gaz, mais avait une grosse position sur les spreads calendaires : écart de cours entre les différentes échéances des contrats sur le gaz naturel. Vu l'ampleur des pertes, on imagine que ses positions devaient être énormes. Il serait intéressant de savoir quelles étaient les contreparties principales, qui ont certainement largement profité de la situation.
Je ne ferai pas non plus de commentaire sur l'efficacité du contrôle du risque chez Amaranth, à part pour rappeler qu'un bon contrôle du risque ne veut pas dire que le risque est supprimé, mais qu'il est correctement mesuré, ce qui est très différent. Et une fois que le risque est évalué, encore faut-il le manager, c'est-à-dire prendre les décisions les meilleures possibles pour gérer ses positions.
Ce qui a retenu mon attention dans cette histoire, c'est que cela a été un non événement sur les marchés : pas de problème de contreparties, pas de remontée des volatilités, pas de hausse des credit spreads, et bien entendu pas de craintes systémiques. Quelle différence avec l'épisode LTCM de 1998, qui avait presque envoyé les marchés financiers au tapis ! Les appels de marge ont été payés, le débouclement des positions s'est fait dans un calme relatif, le hedge fund n'est semble-t-il même pas liquidé.
Peut-on en conclure que les marchés financiers sont mieux régulés, que le risk management est meilleur, que les innovations financières de ces dernières années impliquent une plus grande stabilité du système financiers ? On peut le croire. En fait, le faible niveau de volatilité observé sur la plupart des marchés ces dernières années, depuis le pic de 2002, reflète bien ce sentiment. Mais on peut aussi craindre que cette situation soit surtout due aux excellentes conditions économiques, et qu'un environnement plus difficile changerait la donne. Finalement, un problème à ne pas négliger est que cette situation économique favorable conjuguée à l'appréhension d'un faible niveau général du risque sur les marchés entraine les intervenants à prendre plus de risques qu'il ne serait "raisonnable".
Le président de la Réserve Fédérale de New York, Timothy F. Geithner, a justement consacré à ce sujet son intervention à la réunion du FMI à Hong Kong le 15 septembre.

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