Ce superbe Ponzi à 50 milliards m'inspire 3 réflexions.
1° Quel a été l'impact sur les marchés de l'annonce de ces 50 milliards de dollars envolés en fumée ? Impact nul, les marchés n'en ont pas tenu compte. Il n'y avait en effet aucun risque systémique, peu de pertes dans le système bancaire, l'essentiel des dégâts étant concentré chez les investisseurs finaux. Comme me le disait benoîtement le gérant d'une Sicav d'un grand établissement financier, chez qui je faisais il y a quelque temps une formation sur les options : "de toute façon, c'est toujours le client qui perd ..."
2° On remet en cause les faiblesses de la réglementation, et l'incompétence de la SEC. Cela ne concerne pas Luxalpha, sicav luxembourgeoise soumise à la réglementation européenne, gérée jusqu'à la veille de l'annonce de la fraude (mais oui, la veille !) par UBS Luxembourg, qui en est aussi le dépositaire et le valorisateur. Lors du colloque de la semaine dernière sur le nouveau capitalisme, on a entendu beaucoup de formules creuses de la part de nos dirigeants, ainsi que des incantations à une nouvelle réglementation. Et si l'on commençait par appliquer la réglementation existante ? On va voir si UBS est, dans les faits, responsable des actifs dont elle était dépositaire, responsable de la sicav dans laquelle les investisseurs ont investi en toute bonne foi, pensant que leur argent resterait dans les comptes de la banque. Que les actifs perdent de la valeur, c'est le risque de tout investisseur, qui l'assume. Que ces actifs quittent les comptes du dépositaire pour partir chez un tiers, sans accord des investisseurs, c'est anormal. Si UBS ne rembourse pas, inutile de parler de nouvelle règlementation, ce ne sera pas crédible.
3° La pyramide de Ponzi, cela veut dire payer les anciens investisseurs avec l'argent apporté par les nouveaux. Tout le monde comprend bien que cela est voué à s'écrouler un jour, car fatalement le montant des nouveaux capitaux sera un jour ou l'autre inférieur au montant nécessaire pour honorer les promesses toujours croissantes faites aux anciens investisseurs. Présentée comme cela, la pyramide de Ponzi peut s'appliquer aux passifs de la même façon qu'aux actifs. Quand les 2/3 des nouveaux emprunts émis par un Etat servent à rembourser les emprunts venant à échéance, et que cette proportion augmente régulièrement avec la croissance de l'endettement, on peut à juste titre frémir. La dette publique est la plus belle des pyramides de Ponzi.
2 commentaires:
Tu as surtout beaucoup de courage pour dire que "tu en as". Bravo Pierre, mais tu aurais ecire: "j'en avais", car maintenant "tu n'en as plus"...
Je les ai toujours, même si pour le moment ces titres sont valorisés à 0.
Avec le lobbying et les menaces de procédure judiciaire, j'estime que UBS finira par payer.
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