J'ai profité de quelques jours de vacances chez des amis à Oxford pour lire un livre récemment publié par James Kynge, ancien correspondant du Financial Times en Chine, sous le titre "China shakes the world, the rise of a hungry nation".
Quelques idées à retenir de ce livre passionnant.
- La population active chinoise augmente de 25 millions de personnes chaque année, à qui il faut trouver un travail. Cela sans compter les mouvements internes de population, avec l'afflux des campagnes vers les villes. La croissance forte à long terme de l'économie est donc un impératif vital. Pour simplifier, la Chine dit : A nous les emplois, l'Occident dit : A nous les profits.
- L'immensité du marché intérieur chinois fait rêver, mais pas seulement les occidentaux : les Chinois également. En fait, la concurrence interne chinoise sur tous les segments des biens de consommation est intense, d'autant plus que les producteurs y sont à armes égales. La conséquence est que les marges y sont très faibles, et que les profits sont donc recherchés à l'exportation.
- Au niveau culturel, les chiffres ont une importance très grande. Les slogans officiels en sont une illustration. Cela est une conséquence de la situation permanente de surpopulation, et de la difficulté à nourrir toutes les bouches. La Chine est vraiment un pays qui a faim, dans toutes les acceptions du terme. On comprend mieux aussi la rapidité avec laquelle la Chine a su intégrer les sciences et les techniques.
Pour l'avenir, posons-nous quelques questions sur la place future de la Chine dans le monde de la finance. Avec 1200 milliards de dollars de réserves de change, en rapide augmentation, et une épargne intérieure imposante, la matière première ne manque pas ! Pour le moment, l'allocation d'actifs n'est pas optimale. Mais on peut penser que les grandes banques chinoises vont rapidement intégrer les outils de la finance moderne. Avec la taille de leur bilan, elles deviendront des concurrentes redoutables. Par ailleurs, le gouvernement prévoit de créer une agence d'investissement, dotée de 200 milliards de $ pour commencer, histoire d'investir une partie des réserves de change de façon plus optimale, un peu sur le modèle de la Temasek singapourienne. Cela va constituer un investisseur institutionnel intéressant. Le temps n'est pas très éloigné où les OPA initiées de Chine viendront s'imposer sur les bourses européennes et américaines.
Vous connaissez NFM Technologies ? Certainement pas, et moi non plus, jusqu'à ce que je lise dans le journal ce matin que ce fabriquant de tunneliers et de grosses pièces de fonderies pour l'armement et le nucléaire, qui emploie 240 personnes à Lyon et au Creusot et réalise 70 millions de CA, allait être repris par son partenaire chinois FHGM. En France, cela ne fait que commencer, sachant que le mouvement est déjà bien entamé aux Etats-Unis.
J'écoutais récemment à une conférence Patrick Kron, PDG de Alstom, qui expliquait que le débat sur les délocalisations était dépassé; ce qui compte, c'est de savoir où seront les prochaines localisations, c'est-à-dire où s'implanteront les futures usines, centres de recherche et entreprises.
La Chine n'a pas fini de nous secouer.
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