Qui prendra le pouvoir chez Valeo ? Voilà un cas intéressant de gouvernance d'entreprise qui se joue actuellement chez l'équipementier automobile. Le fonds Pardus, premier actionnaire avec plus de 12% , cherche à marier Valeo avec son concurrent américain Visteon, dont il est aussi un actionnaire important : 17%. L'opération lui permettrait de baisser son prix d'achat moyen sur le groupe combiné. Mais l'union de Valeo avec un Visteon mal en point nécessitera une lourde restructuration, encore plus spectaculaire si le groupe est unifié. Thierry Morin, PDG de Valeo, n'est pas partisan de cette solution. On le dit attiré par une solution de rachat de l'entreprise par un fonds de LBO, et le nom d'Apollo a été évoqué. Il est clair que s'il appuie cette solution, sa participation au projet lui garantira un management package des plus intéressants. La reconfiguration du groupe, nécessaire de toute façon, se ferait ainsi à l'écart de la transparence boursière.
Quand à Guy Wyser-Pratte, qui avait acheté 3% de Valeo pour pousser une solution d'indépendance fondée sur une rationalisation des activités, il a préféré vendre la semaine dernière vers 44 €, considérant qu'il ne pouvait pas espérer un niveau plus élevé lors d'un rachat en LBO.
L'affaire est pimentée par le renouvellement du conseil d'administration, car 9 membres sur 11 doivent être renouvelés ou confirmés à la prochaine AG du 21 mai. Le CA est d'ailleurs composé majoritairement de membres indépendants, donc intéressés uniquement par la défense des intérêts des actionnaires et de l'entreprise, Pardus n'étant pas représenté au conseil.
La réunion du CA de ce 10 avril a laissé toutes les options ouvertes, sans prendre parti pour l'une ou l'autre des propositions. Les 6 semaines qui restent avant l'AG promettent d'être chaudes pour décider l'avenir de Valeo, car il ne sera pas simple de dégager une majorité de votes sur une solution. En particulier, on ne connaît pas encore la position des fonds gérés par Franklin Templeton, qui réunissent plus de 10% du capital. Quant à la CDC, 3ème actionnaire avec 6,5%, on a tendance à y voir le bras armé de la puissance publique, gardien de l'intérêt patriotique et de l'emploi français. Il n'est d'ailleurs pas sûr que l'AG soit amenée à se prononcer sur l'évolution de l'entreprise, ce qui serait regrettable.
Voilà un beau sujet de recherche pour un étudiant en finance, mêlant réflexion stratégique, problème de gouvernance et analyse de rapports de force.
A noter que je détiens, indirectement, des obligations convertibles Valeo, mais pas d'actions; je n'ai donc pas de droits de vote.
10 avril 2007
Le pouvoir chez Valeo
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