08 janvier 2007

Panne de croissance et coût du capital

La panne de croissance en France résulte en bonne partie de la faiblesse de l'investissement, comme le montrent les chiffres publiés par l'INSEE pour le 3ème trimestre.
C'est l'occasion de revenir sur les déterminants de l'investissement.
A quelles conditions un dirigeant d'entreprise va-t-il réaliser un investissement ? Quand la rentabilité de cet investissement sera supérieur au coût du capital. Pour dire les choses plus simplement, quand ça rapporte plus que ça ne coûte. Elémentaire, en effet.
Une chose est de calculer combien ça rapporte, une autre combien ça coûte. C'est ici que survient le coût du capital : coût moyen pondéré de la dette et des fonds propres. Pour quelle raison : parce que le coût du capital est justement le taux de rentabilité exigé pour réaliser l'investissement.
Si l'entreprise finance l'investissement pour moitié par de la dette et pour moitié sur fonds propres, il ne faut pas croire que les fonds propres sont gratuits et que seul le taux d'intérêt de la dette importe. Le coût des fonds propres est égal au taux de rentabilité exigé par un investisseur pour investir sur un projet de même niveau de rentabilité et de même risque, dans une logique d'arbitrage.
La théorie des marchés financiers nous apprend que ce taux est égal à la somme de plusieurs éléments.
- Tout d'abord, le taux sans risque, généralement évalué par le taux des obligations d'Etat à long terme, près de 4% actuellement.
- D'autre part, la prime de risque exigée pour investir sur un instrument de risque plus élevé que ce titre d'Etat. Pour une action cotée, on parle de la prime de risque du marché multipliée par le facteur Bêta, lequel représente le rapport entre le risque du titre et le risque du marché.

S'il y a donc peu, ou pas assez d'investissements, qui passent la barre du coût du capital, c'est peut-être que la rentabilité n'est pas suffisante : avantage concurrentiel insuffisant, charges pesant sur le travail, pricing power trop faible.
C'est peut-être aussi que le coût du capital est contraint par des facteurs de risque : si l'environnement réglementaire et fiscal est mouvant et imprédictible; si son accumulation en strates successives, parfois contradictoires, entraîne des coûts de suivi et de gestion importants, cela implique un risque supplémentaire. Le coût de ce risque, c'est-à-dire la rémunération qu'en exige un investisseur pour accepter de le supporter, se retrouve dans le coût du capital. Difficile à évaluer, certes. Mais l'oublier au prétexte qu'il est difficile à évaluer est une erreur. En bon pragmatique, je regarde d'abord ce que m'apprend la théorie, plutôt que d'en faire fi.
Donc petit conseil de politique économique : plutôt que de bidouiller tous les jours les lois, réglements, taxes et autres impôts, s'en tenir à la règle des 3 S : simplicité, stabilité, sécurité.
Pour conclure, j'ai envie de citer encore une fois Alan Greenspan (discours du 14-12-2005 à la NewYork University) : "All market economies require a rule of law to function : laws of contracts, protection of property rights, and a general protection of citizens from arbitrary actions of the state."

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